Clé 06, partie 01 : la planète 'Aéto'éraw et la naissance de Nanihi

Poème catalytique pour la danse sacrée de l'Union Mondiale

1

LA PLANETE  'AETO'ERAW ET LA NAISSANCE DE NANIHI



1

Le jour éparpillé se mêlait à la nuit
Tous deux suspendus aux étoiles d'un firmament paisible
Etendue infinie où naviguaient, sans peur
Les os incandescents des météorites explosées...

Dans cette immensité joyeuse, tranquille et sans répit
Une planète se laissait caresser par la lumière
Minuscule dans les cieux elle virevoltait
Autour d'un Soleil mille fois plus grand qu'elle !

Sous son écorce battait un feu énorme...
A son rythme le souffle du temps
Aimantait les eaux, les monts , les continents ...

Santochan ! Planète Santochan !
Offerte dans un rayon de l'Amour Cosmique
Allumée pour un horizon de paix
Et la pénétration de l'Esprit dans la Matière !




2

Et ceci entouré de vagues  ne pouvait être qu'une île
Parmi d'autres surgies des océans ...
Elle était vaste, échevelée ...
Lété sans cesse s'y répandait...

Immense une forêt tintait de toutes ses feuilles
Le vent faisait chanter le choeur nombreux des cocotiers
Leurs chevelures ondulaient sur les pentes...
Les nuages se cognaient aux monts
Alors le monde se créait
Tel un rêve à l'haleine invisible et parfumée...


3

Dans cette forêt les jeunes pousses
Devenaient des arbres au poitrail énorme...
Par dessus les racines d'un de ces géants
Bondissaient sans souci les muscles d'un torrent
Et des rochers fendaient les courants éphémères...

Parfois on entendait le sol qui résonnait
Un éléphant brisait des branches, piétinait des feuillages

Il s'agenouille près de l'eau pour se désaltérer
Et regarde frissonner son image ...

4

Or un matin les fruits, les fleurs et les insectes entendirent
Un cri d'oiseau...
Ce cri sonnait, multipliant ses échos
Tel la clé chaude et colorée
De toutes les créatures aux formes étranges et bigarrées

Celles qu'on voit bondir ou toujours immobiles
Et toutes dans la forêt l'entendirent !

Ce cri ne se répéta point, mais lancé une seule fois
Il avait ému jusqu'aux paupières des rochers...
Pourtant il n'appelait rien, il ne cherchait rien
Il décrivait l'arabesque lumineuse de ses entrailles ...

Ce cri, est-il même une araignée qui pourrait l'oublier ?
Ce cri indompté pour dénuder le ciel...
Dans sa couleur toutes les couleurs étaient pliées...
Un cri pour donner à la terre des ailes !

Et l'oiseau, l'oiseau du Paradis
Apparut.
Son vol éparpillait des spirales de feu...
Il tournoyait autour d'un de ces rocs
Assaillis par les flots turbulents !

Il allume un bûcher au dessus de l'îlôt
minuscule au milieu du torrent...



5


Sur une berge les herbes frémirent à peine...
Une grenouille s'approchait toute bariolée
De taches brunes et vertes...

Ses yeux étaient voilés de larmes
Elle était lasse -qui saura pourquoi ?
De quoi se plaindrait-elle ? Nul ne la pourchasse ...
Elle gobe sans peine les insectes volants
Son bond jamais ne faiblit
Et pourtant elle pleure ...

Ce destin qui la libère à jamais l'enchaîne...

Même en sautant vingt fois plus haut qu'elle
Elle n'atteint pas les plus basses branches
Que veut-elle devenir ? Elle l'ignore ...
Mais elle veut renaître, s'évader de ce corps
Et s'approche
Ivre du cri poussé par l'oiseau qu'elle cherche du regard
Ivre de ses reflets étincelants ...
Elle les porte, les yeux fermés,
Gravés depuis toujours dans la matière de ses os !

L'oiseau la voit
Elle a la couleur de terre et d'herbe
Leurs regards se croisent, se fondent au même instant...
Que veut-elle...atteindre les étoiles ?

De tout son désir ,de tous ses membres
Elle s'élance et saute dans le feu où elle s'efface ...

Et de ce feu naquit la femme !



6


Elle a ouvert les yeux, elle s'étire, elle s'étire...
Elle découvre émerveillée ses membres nus
L'énigme délicieuse et tendre de son corps
Taillé dans le diamant comme un astre de glace
A ne jamais briser, à ne jamais ternir !

Et cette femme aux lèvres de fougère
Aux cheveux longs soulevés par la brise
Etincelante de rosée et transparente
Le peuple végétal après l'oiseau dans les sous-bois
 La baptisa : Nanihi



7

Or maintenant le  Phénix s'éloigne dans le ciel, très haut
Et Nanihi l'appelle aussi fort qu'elle peut :

"O toi, l' oiseau du Paradis, reste avec moi ...
Viens te poser sur mon poignet, que je t'observe de plus près ...
Je suis à toi ... Tu m'as créée...
Ne t'en va pas ! Sinon je te suivrai ..."

En son sein tout à coup elle capte un murmure
Une onde presque imperceptible ...

C'est la réponse de l'Oiseau, tout bas et de très loin :

"N'aie pas peur, Nanihi, et ne sois pas distraite ...
Je conduirai vers toi un homme de Lumière...
Il saura féconder ton regard amoureux
Jusqu'aux fontaines de ton ventre ...
Aies confiance, obéis moi
Tu ne seras pas seule !

En aval du torrent tu trouveras un lac ...
Nage longtemps dans ces eaux là
Attends sans t'inquiéter sur son rivage ...
Etends toi sur la mousse et sur l'herbe ...
Songe à cet homme, invente son visage
Un papillon le guidera jusqu'à tes paupières "

Et quand l'oisau du paradis lança
Son cri multicolore au-dessus des nuages
On entendit l'écho
Plusieurs fois répété sur les pentes de l'île !



8

Elle suivit les eaux fraîches du torrent
Et parvint jusqu'au lac où lilis et lotus
Frissonnaient à la brise, et d'un pétale à l'autre
Une abeille venait butiner le pollen ...

Et Nanihi nagea juqu'au milieu du lac
Et se hissa sur une feuille énorme épanouie sur l'onde ...
Tout autour les poissons aux bouches étonnées
Virevoltaient pour l'observer, de moins en moins craintifs


9


Enfin
Elle découvre le reflet de ses yeux sur les eaux
Son coeur brûle si fort d'admirer sa beauté
Qu'elle éparpille avec ses mains sur ses épaules et sur sa face
D'infimes et limpides ruisselets
De cristal liquide ...

Elle pense au regard souverain de cet homme
A naître un jour du Feu puissant et qui la cherche ...



10

Et comme dans les flots Nanihi polissait
Les courbes de son corps, les sources de son âme
L'oiseau du paradis chantait en amont du torrent
Au dessus de sa pierre illuminée d'Amour !

Et les insectes si souvent aveugles et têtus
Faisaient crisser de joie leurs ailes dans les herbes ...

Les mangues pourrissaient sur les berges désertes
Et des doigts minuscules écarquillaient les graines
A la recherche d'une terre à embrasser à dévorer
Pour que se dressent de leurs chairs de nouveaux arbres !


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